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LES EXEMPLES EN CÔTE D’IVOIRE

ETAT DES LIEUX

II.1. La situation du travail des enfants en Côte d'ivoire

Le travail des enfants est l'un des phénomènes sociaux que les autorités politiques et administratives du pays tentent d'éradiquer. Il est difficile d'établir avec exactitude le nombre d'enfants concernés, car bien de cas restent discrets et inconnus. Toutefois, des études réalisées sur le phénomène donnent un aperçu de la situation.

Une enquête réalisée en 2002 et publiée en 2003 par le BIT, l'IITA et l'USAID a permis d'établir que dans le secteur de la cacaoculture, ce sont :

•    plus de 600 000 enfants de 6 à 17 ans sont impliqués dans la production et parmi eux plus de 98% travaillaient dans des plantations familiales ;

•    environ 127 000 enfants exercent des tâches jugées dangereuses dans les plantations de cacao (épandage d'engrais, pulvérisation, port de charges lourdes, nettoyage à la machette).

Cette enquête a également établi qu'un nombre relativement faible d'enfants parmi ceux qui étaient exploités dans le secteur étaient victimes de traite. Une autre étude d'envergure nationale centrée sur l'analyse de la situation du travail des enfants, réalisée en 2003 par le Ministère en charge des Affaires Sociales, en collaboration avec l'UNICEF, établit:

•    qu'il existe des enfants qui travaillent dans des unités de production de type familial ;

•    que même si le travail s'effectue dans un cadre familial, le placement de l'enfant hors du cercle de la famille restreinte (travail avec le père et/ou la mère) l'expose quasiment aux mêmes risques que les enfants qui travaillent dans un cadre extra familial ;

•    que le placement de l'enfant dans une relation de « travail salarié » présente plus de risques

pour l'enfant;

•    que le secteur de l'agriculture et celui de l'informel en milieu urbain constituent des domaines dans lesquels le travail des enfants est accentué.

La dernière étude d'envergure nationale est l'Enquête Nationale sur le Travail des Enfants (ENTE) de 2005. Cette enquête réalisée par l'institut National de la Statistique (INS) en collaboration avec le BIT a donné les résultats suivants :

•    395 990 des enfants économiquement actifs exercent dans le secteur de l'agriculture, et 160 103 exercent dans le secteur des commerces;

•    environ 115 694 enfants travailleurs exercent des travaux dangereux interdits aux enfants par la règlementation en vigueur en Côte d'ivoire.

Outre ces études, l'Enquête Nationale sur le Niveau de Vie des Ménages 2008 (ENVM 2008) a établi que 1 570 103 enfants économiquement actifs exercent dans le secteur de l'agriculture et 517 520 exercent dans le secteur des services.

Cette enquête établit également que 1.202.404 enfants sont impliqués dans un travail dangereux et 3 364 sont victimes de traite. En sus, elle révèle qu'il s'agit principalement d'une traite interne, c'est-à-dire d'un transfert des enfants d'une région à une autre du pays aux fins d'exploitation économique.

II.2. Les manifestations du phénomène du travail des enfants

Le travail des enfants en Côte d'ivoire présente plusieurs caractéristiques. De manière concrète, il s'observe par :

•    leur implication dans des activités informelles tels que : le port de fardeaux, le transport sur brouettes, le transport sur véhicule, le transport sur charrette à bras, etc. ;

•    leur placement en apprentissage ;

•    leur emploi dans des galeries souterraines des mines, minière et carrières ;

•    leur emploi dans les activités agricoles et de foresterie (abattage des arbres, brûlage des champs, manipulation et épandage des produits agro-pharmaceutiques, production de charbon de bois, etc.);

•    leur emploi dans l'élevage (bouvier, abattage des animaux, récolte de miel, etc.);

•    leur emploi dans la pêche (plongée en eau profonde, pêche en mer, pêche sur la lagune ouïes fleuves)

•    leur emploi dans le secteur urbain domestique (mendicité, gardiennage, travail de nuit dans des bars ou restaurant ou boites de nuit, etc.) ;

•    leur emploi dans les mines (forations, tirs de mines, transport de fragments ou de blocs de pierre, concassage, extraction de minerais à l'aide des produits chimiques, etc.) ;

•    leur emploi dans le commerce (vente de support à caractère pornographique, la prostitution ou le proxénétisme, récupération d'objets dans les décharges publiques, la vidange et pré-collette ou collecte d'ordure ménagère, production ou achat ou vente de produits chimiques, etc.);

•    leur emploi dans les activités de portefaix dans les marchés ;

•    leur emploi dans l'industrie et dans l'artisanat (où ils exercent des activités d'affûtage, de fraisage, de laminage, de graissage ou de nettoyage, de réparation des chines ou de mécanismes en marches, de fabrication ou de réparation d'armes à feu, de rabotage mécanisé et de traitement chimique et mécanisé du bois, de brasserie et production d'alcool, de chaudronnerie, de manipulation des hydrocarbure et produits inflammables etc.);

•    leur emploi dans le transport (chargement de bagages lourds dans les véhicules de transport, portefaix, etc.);

•    leur emploi dans le bâtiment et les travaux publics (creusement, réalisation des fondations, construction des murs, coffrage, extraction des minéraux de construction etc.).